Retraites : l’objectif demeure le retrait du projet Nouvelle journée interprofessionnelle le 31 mars
La mobilisation « est bien ancrée et d’une longueur exceptionnelle », se félicite la confédération qui, dans le cadre de l’intersyndicale, appelle à une nouvelle journée interprofessionnelle le 31 mars. FO demande toujours au gouvernement de retirer son projet de réforme des retraites qui ne satisfait personne. Elle prévoit aussi de participer à une conférence distincte de celle sur « l’équilibre et le financement », qui ne vise qu’à imposer des économies non fondées aux régimes de retraite via l’assentiment pro-actif des syndicats.
Alors que l’intersyndicale, au soir de la journée d’action du 20 février, appelait les travailleurs à organiser des actions le 8 mars et à une nouvelle journée de grève interprofessionnelle et de manifestations le 31 mars, le gouvernement persistait dans son acharnement à maintenir son projet sur les retraites, décrié de tous bords et critiqué vertement par le Conseil d’État. En ce début de deuxième semaine d’examen du projet par les députés – examen devant s’étirer jusqu’au 8 mars et peut-être au-delà du 22 mars après une pause pour les élections municipales – celui-ci, lesté de près de 40 000 amendements, a à peine été abordé. Depuis ces derniers jours plane la menace d’un déclenchement de la procédure du 49.3, soit l’engagement de la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée pour une adoption sans vote du projet. Alors que la confusion concernant ce projet est chaque jour toujours plus évidente, y compris au sein de la majorité gouvernementale, parallèlement la « conférence sur l’équilibre et le financement » met en évidence l’aberration d’un projet à trous.
Construire une autre conférence
Cette conférence est en effet censée trouver d’ici avril, donc à priori après un hypothétique vote de l’Assemblée, des mesures d’économies sur le financement des régimes de retraite d’ici à 2027. Après avoir évoqué la nécessité d’une économie de 12 milliards, le gouvernement évoque désormais un déficit des régimes de retraite à hauteur de 113 milliards entre 2018 et 2030… Le 19 février, la commission exécutive de FO, soulignant que« ladite conférence ne peut conduire qu’à une impasse », donnait mandat au bureau confédéral « pour décider d’en sortir le moment opportun ». Plusieurs syndicats, dont FO, programment d’ores et déjà de réunir une conférence parallèle. Celle-ci pourrait se tenir le 24 mars au CESE, en présence notamment d’économistes, « pour un vrai débat contradictoire sans lettre de cadrage ». Plus largement, pour FO la« détermination » à lutter contre le projet sur les retraites est « constante ». Et « notre objectif – l’abandon du projet de système universel de retraite par points – demeure intact ! », rappelle la confédération.
Valérie Forgeront
« Aucune raison de baisser les bras »
Le 20 février, alors que le débat parlementaire sur le projet de régime unique de retraite par points peinait à se poursuivre dans une ambiance de plus en plus chaotique, le refus de la réforme s’exprimait une nouvelle fois dans la rue, d’un bout à l’autre du pays, et toujours jusque dans les plus petites villes. Le secrétaire général de la confédération FO, Yves Veyrier, déclarait notamment :« Toutes les instances consultées, y compris le Conseil supérieur de la fonction militaire, se sont opposées à cette réforme. Il n’y a pas une seule profession qui soutient ce projet. Le Conseil d’État ne peut garantir sa sécurité juridique tant il est lacunaire. Nous sommes donc confortés et n’avons aucune raison de baisser les bras. »
Déterminés à amplifier la mobilisation
Le 17 février, à l’appel de l’URIF-FO, deux cent cinquante syndicalistes par- ticipaient à une réunion publique à la Bourse du travail de Paris, affichant leur détermination à continuer d’organiser des assemblées générales pour amplifier la mobilisation.
Le 14, des milliers d’agents hospitaliers et médico-sociaux manifestaient aussi pour obtenir davantage de moyens. Retrait du projet de réforme des retraites, maintien de la catégorie active, arrêt des suppressions de postes et des fermetures de services, augmentation des emplois statutaires… « Aucune de ces revendications ne doit occulter l’autre car elles sont, tout au contraire, intimement liées », soulignait la Fédération FO des Services publics et de Santé. Evelyne Salamero
Les universités en ébullition
Déjà mobilisés contre le projet de réforme des retraites, les étudiants et personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche s’opposent aussi à la future loi de programmation pluriannuelle pour la recherche (LPPR). Si le projet, bien qu’attendu pour ce début d’année, n’a toujours pas été présenté par le gouvernement, trois rapports ont déclenché l’alerte. Personnels et étudiants redoutent notamment une aggravation de la précarité pour les chercheurs puisqu’il est proposé de créer un « CDI de mission scientifique », à savoir un CDI limité à la durée du projet de recherche… Le syndicat FO de l’enseignement supérieur et de la recherche (FO-ESR) pointe aussi le risque que l’augmentation, promise, du budget de la recherche se résume en réalité à une redistribution de sommes que l’État n’aurait plus à verser pour les retraites des fonctionnaires dans le cadre du régime universel par points.
Vers la grève à partir du 5 mars
Les 1er et 2 février derniers, 750 étudiants et personnels, précaires et titu- laires, d’Île-de-France et de province, ont adopté un cahier revendicatif et un« calendrier de mobilisation », appelant notamment à ce que « l’université et la recherche s’arrêtent le 5 mars ». FO-ESR appelle les personnels à « se saisir de ces propositions », et à organiser des assemblées générales pour « construire de manière e ective l’arrêt de toutes leurs activités, c’est-à-dire la grève, à partir du 5 mars ».
E. S.